Avec la commande de six navires supplémentaires, TOWT armera la première flotte vélique française neuve d'ici 2027

Crédit photo ©TOWT
Alors que la première traversée transatlantique de la tête de série est programmée pour l'été 2024 et que son sistership doit être livré à cet horizon, l'armateur havrais confirme la commande de six navires propulsés à la voile supplémentaires et renouvelle sa confiance au chantier naval français Piriou. Tour de table financier ficelé.  

Alors que la mise en service de ses deux premiers voiliers-cargos sur le transatlantique est imminente – d’ici l’été –, TOWT (TransOceanic Wind Transport) confirme la commande de six navires supplémentaires évoquée en mars à l’occasion de la présentation du navire amiral de ce qui sera sans doute la première flotte vélique française de construction neuve et intégrant les dernières technologies.

Guillaume Le Grand, président de la compagnie créée en 2011 à Douarnenez mais implantée au Havre, avait alors évoqué ses démarches en cours pour financer six autres unités en vue de concrétiser un changement d’échelle d'ici 2027.

Le dirigeant a toujours soutenu que son modèle économique reposait sur ce point d’inflexion, fondamental dans sa stratégie de développement commercial. Pour rappel, TOWT ne part pas d’une feuille blanche : le transporteur embarque du fret depuis plus d’une décennie sur de vieux gréements (une vingtaine) et a largement fait la preuve commerciale de la pertinence de son offre.

400 M€ de contrats signés

Il fait état aujourd'hui d’une « traction commerciale » de plus de 400 M€ de contrats signés en 10 ans et assure avoir signé, dans le cadre de ses derniers développements, des contrats pluriannuels avec plus de 50 clients parmi lesquels figurent de grandes marques de café, de vins et spiritueux, de chocolats (Café Belco, rhums Longueteau, Martell Mumm Perrier-Jouët, Cémoi, etc.).

Fin décembre, son premier navire affichait un taux de remplissage de 88 %, soit 140 M€ de commandes déjà sécurisées et un seuil de rentabilité couvert à 113 % sur la période 2023-2025. Sollicité, Guillaume Le Grand s’en tient à la « confidentialité » concernant ce point à date.

Capacité de transport de 200 000 t

« Le passage à huit permettra d’augmenter l’offre de chargement, d'accélérer la fréquence des départs, avec un objectif de départs hebdomadaires, et d’ouvrir de nouvelles routes avec des navires dédiés, en Asie, Afrique, et de nouveaux pays d’Amérique du Sud…», explique aujourd'hui le dirigeant. 

Avec huit unités, la compagnie alignera une capacité d'emport de 200 000 tonnes de marchandises à raison de 1 100 t en vrac palettes par navire (+ l’équivalent de 135 barriques de vins ou spiritueux ou plus de 100 conteneurs), soit « une économie globale de 40 000 t de CO2 ».

Piriou à la manœuvre

Pour cette commande des six sisterships de l'Anemos, la tête de série, et de l'Artemis, l'entreprise aux origines bretonnes a renouvelé sa confiance au groupe Piriou, chantier naval de Concarneau qui a conçu les deux premiers navires équipés de voiles souples d’une surface de 3 000 m2 pour pouvoir naviguer au portant.

Les navires, qui devraient naviguer sous pavillon français (Rif) et sous la classe BV [Croix de Malte], doivent entrer en service entre début 2026 et mi-2027

Armés par sept à huit marins, ils sont conçus pour naviguer en long-courrier à 95 % du temps à la voile, la propulsion avec deux moteurs à quatre temps (2 x 422 kWm à 1790 tr/min) intervenant en appoint.

Alternative à la propulsion fossile

Se positionnant en alternative à la propulsion fossile avec une empreinte carbone inférieure à 2 g/km par tonne transportée (contre 20,2 g pour un porte-conteneurs de 1 150 -3 500 EVP), les navires devront assurer les dessertes intercontinentales à une vitesse de 10 nœuds en moyenne pour offrir un transit time égalant le transport maritime conventionnel (transbordement et dédouanement inclus). Soit deux semaines entre Le Havre et New York/New Jersey et un peu plus vers Shanghai (hors période de congestion généralisée...).

Dans son programme de navigation initial, voulu simple (avec des routes pendulaires, sur le principe de routes premium et secondaires, et avec une seule escale), l’armateur havrais prévoit quatre services cette année et neuf en 2025 pour monter à douze en 2026, soit une fréquence mensuelle. En plus des marchandises, les voiliers marchands pourront transporter une douzaine de passagers pour une expérience de voyage en rupture de 15 jours.

Une deuxième levée de fonds

L’entreprise a transformé son évocation de mars en commandes après avoir ficelé le financement qui doit faire émerger sa classe baptisée Phénix via une deuxième levée de fonds.

Outre la Caisse des dépôts et la banque d’investissement publique Bpifrance, le transporteur a accroché les intérêts du fonds Révolution environnementale et solidaire (Crédit Mutuel Impact), d’Atlante Gestion (TOWT sera d’ailleurs le premier actif du futur fonds Atlante Marine I, en cours de constitution), du CIC (signataire de Poséidon et du pacte vélique en faveur de la propulsion des navires par le vent avec l’ambition de compter 25 navires bas-carbone dans son portefeuille de financements maritimes d’ici 2027).

Lors de la première ouverture de son capital en 2022, la compagnie avait levé 43 M€ (4,5 M€ en obligations convertibles) et ouvert 47 % de son capital à une vingtaine d’investisseurs parmi lesquels Après-demain S.A., Crédit Agricole Normandie Seine, Idec…. Cette levée de fonds a permis d'enclencher la construction des deux premiers voiliers.

120 M€ ?

Peu loquaces sur les contours financiers, Diana Mesa (qui assure la direction générale) et Guillaume Le Grand ne disent pas si, à l'issue de cette nouvelle ouverture, ils sont toujours majoritaires de l’entreprise qu’ils ont cofondée il y a plus d'une décennie et ne font pas non plus état de la somme levée. Selon nos informations, un objectif de 120 M€ était évoqué. 

Parallèlement, sur la plateforme d’investissement responsable Lita, qui avait déjà permis de collecter 4,5 M€ une première fois, l'armateur a déjà engrangé 4,5 M€ auprès de 2 000 particuliers. « C’est un signal fort, preuve de l’enthousiasme citoyen à l’idée d’une solution capable de réduire l’empreinte carbone sur les mers », applaudit le président.

Dans sa proposition commerciale, Guillaume Le Grand fait valoir des taux de fret de l’ordre de quelques dizaines de centimes d’euros par kg (tarification présentée en décembre), affranchis des fluctuations liées aux combustibles de soute et autres surcharges ; des droits de ports réduits grâce à des escales dans des terminaux moins fréquentés et un chargement/déchargement plus rapide.

« Il y a quatre types de contrats, en spot, une fois par an, un départ sur deux, tous les départs. Notre indice sera mis à jour en fonction de la fréquence des expéditions, de la quantité de marchandises et de la route. Avec pour principe, la dégressivité en fonction de la durée d’engagement et la prime aux premiers utilisateurs.. Notre tarification, claire, rompt avec l’opacité et la complexité qui caractérisent les prix dans le transport maritime », indiquait le président dans un entretien au JMM.

Avec le développement de sa flotte, la société vise 60 M€ de chiffre d'affaires d’ici 2028 et prévoit la création de 150 emplois directs et 500 indirects.

Adeline Descamps

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